J'ai écrit un édito cette semaine dans ELLE, sur le phénomène Facebook et celui des réseaux en général. C'est vrai que je n'ai pas supporté l'expérience...A présent,je suis sur Small World, plus élitiste. Là encore,j'observe. Ci-joint mon édito.
"Ah bon, tu n’es pas encore sur « Facebook » ? me demande-t-on avec le brin de commisération qu’on arbore devant ceux qui ne savent pas prendre le train de la net attitude en marche. Nuance : je ne suis PLUS sur « Facebook ». Je me suis « défacebookisée ». Difficilement, certes, tant la fuite relève de la mission impossible : à chaque bonne raison invoquée pour en partir, le site m’en a donné une bien meilleure pour y rester… Mais quel soulagement quand j’ai claqué la porte au nez d’un million d’amis réels ou potentiels. Je me la raconte? Vu la façon dont mes contacts se sont multipliés en l’espace de quelques jours, si je n’avais pas dit stop, ma vie sociale aurait fini par ressembler au périph un soir de grève des transports, avec des files de mails embouteillés attendant le feu vert de ma part. « Machinette vous propose de la rejoindre sur Facebook »… Le genre d’invit qui fait un carton.
Pour celles et ceux qui ignoreraient l’existence de Facebook, précisons que ce nouveau site de réseau social, inventé par un étudiant de Harvard à peine pubère et déjà milliardaire ( de la graine de Bill Gates ) a comme principe la « chasse aux amis ». Et plus, parfois, si affinités. C’est tellement simple (on s’inscrit, on met sa photo, son CV, ses hobbies, et c’est parti) que tout le monde y est ou veut y être. Sauf moi et quelques attardés de mon espèce. 50 millions d’internautes dont plus de 700 000 en France : et ce n’est qu’un début. Regrouper ses amis, sa famille, ses collègues, ses relations, ses copains d’avant, ceux qu’on a croisé trente secondes à Palavas-Les-Flots ou à Kuala Lumpur, ceux qui gagnent à être connus, ceux qu’on ne connaît pas encore, et les connecter ensemble, c’est tentant. C’est la clé du succès facebookien et celle de la réussite de ses membres. Plus on en a, plus on en « est ». Prime au narcissisme, nique à la solitude, tremplin pour les ambitieux ?Tout ça à la fois, sans doute. On compte ses amis comme les moutons que nous sommes, le soir pour s’endormir. En un clic, on sait tout d’eux, comme eux savent tout de vous. Une manne pour les publicitaires, les politiques, les hackers. Car les infos, palpitantes, profondes, tombent en temps réel : « Machinette s’est inscrite au club des joueurs de banjo ambidextres», « Machinette et Truc sont désormais amis ». C’est cool ? Mmmm. Car trop d’amis tuent les amis, à force. Où les caser ? Combien d’heures leur consacrer entre My Space, Second Life, etc... ? Il faudrait une troisième, voire une quatrième Life. Comment fait-on quand on manque déjà de temps dans la première" ?
PS : Un an plus tard, parce qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas ( ou changent d'avis), je me suis réinscrite sur Face Book. Ma vie sociale n'est pas embouteillée, j'y trouve même certains avantages, à condition d'en connaitre le mode d'emploi.
1 commentaire:
Excellent votre édito ! Je me retrouve totalement dans votre analyse. "Trop d'amis tuent les amis"... et le sens même de l'amitié, un sentiment proche de l'amour, à cultiver sans cesse. Je pense souvent à ces mots de Montaigne "parce que c'était lui, parce que c'était moi". Et je me demande ce qu'il penserait de Facebook !
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