jeudi 29 novembre 2007

Il faut sauver ayaan hirsi ali


Nous sommes trés nombreux à le savoir : Ayaan Hirsi Ali est une femme de combat exceptionnelle, courageuse, tenace, émouvante. Moi qui la connais un peu depuis deux ans déjà, je ne peux que témoigner de sa bravoure et de son opiniâtreté. Et off the record, elle est drôle, brillante, elle aime la vie et préfèrerait mille fois ne pas avoir à subir jour et nuit la présence de quatre gardes du corps qui ne la lâchent pas d'une semelle. Elle a peur mais elle le cache car elle ne veut pas faire triompher ceux qui cherchent à la terroriser. Elle continue bravement son chemin, engagée toute entière dans la défense des droits des femmes, des valeurs du monde occidentale contre les intégrismes de tous poils.
Pourtant, quand on évoque son nom, certains grimacent. « Ayaan Hirsi Ali a menti pour se refugier aux Pays-Bas ; elle en est partie à la suite d’un scandale ; elle travaille aux Etats-Unis pour les néo-conservateurs; elle pourfend l’islam, pas seulement les islamistes… » Pour un peu, on trouverait presque normale la décision du gouvernement néerlandais de ne plus payer ses gardes du corps depuis le 1er octobre dernier. Une façon d’évacuer le problème à bon compte. Rappelons pourtant que Ayaan Hirsi Ali, est une femme de combat exceptionnelle dont le courage force l’admiration. Cette hollandaise d’origine somalienne, ex députée libérale au parlement néerlandais, est menacée de mort par les islamistes depuis l’assassinat du cinéaste Théo Van Gogh en 2004, avec lequel elle avait co-signé un film « subversif » sur la condition des Musulmanes. Qu’elle s’est réfugiée aux Etats-Unis, parce qu’aux Pays-Bas, ses voisins terrorisés refusaient qu’elle habite dans leur entourage. « Les Américains ont été les seuls à m’offrir un job. Je me sens plus en sécurité là bas. Je peux écrire,mener une vie à peu près normale » Ayaan réfute les critiques avec calme. « Avant de me présenter aux élections, en 2002, j’ai avoué à mon parti et au ministère de la Justice que pour entrer en Hollande, j’ai dit que je fuyais la guerre civile somalienne plutôt qu’un mariage forcé.Tout le monde le savait. Où est le crime? » Et ses positions pro- américaines, qui heurtent ceux qui pourraient la défendre à gauche ? « Je suis une libérale, c’est vrai. Mais pour moi le vrai débat n’est pas la droite contre la gauche, mais les valeurs occidentales contre l’islamisme. Comme Taslima Nasreen, dont la situation actuelle en Inde est proprement scandaleuse, je me bats pour la liberté de penser et pour les droits des femmes. Pourquoi les Françaises, les Européennes, ne réagissent-elles pas plus que cela pour m’aider ? Ma situation les concerne toutes, pourtant…»
Et pourquoi les Néérlandais cessent-ils de la protéger malgré leurs promesses ?« Ils pensent que mes critiques ont fait augmenter le nombre de radicaux musulmans. C’est devenu un tabou de critiquer l’islam en Europe. Il y a différentes façons de me réduire au silence : soit en me menaçant de mort, soit en me traitant de folle, comme certains de mes adversaires politiques, soit en s’en lavant les mains. Les Hollandais espèrent secrètement que si je ne suis plus protégée, je me tairais. ». Le gouvernement américain ne pouvant financer la protection d’une personne privée, Ayaan a levé un fonds spécial et « mendie » pour assurer le moment sa sécurité. Un site est en création pour rassembler les donateurs. Une solution serait de la nommer diplomate, mais les Néerlandais ont aussi refusé ce compromis. En Europe, seul le Danemark a offert de l’accueilir. En France, une pétition circule pour qu’elle soit nommée citoyenne d’honneur. « Un geste symbolique pour montrer aux Hollandais qu’ils ont tort, dit Pascal Bruckner à l’origine de la pétition. Ce ne serait pas un geste hostile à l’islam, mais une façon réaffirmer la vocation de la France, pays de Voltaire, à combattre l’intolérance. »
Du côté du ministère des Affaires Etrangères, une idée fait son chemin : celle de la création d’un fonds européen qui assure la sécurité et la liberté de circulation de toute personne menacée. L’Europe de la liberté d’expression en somme. Mais en attendant, il y a urgence : Ayaan est plus que jamais en danger.

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