jeudi 14 février 2008

La Shoah au CM2


Au diner annuel du Crif, Nicolas Sarkozy a annoncé que, à partir de la rentrée scolaire 2008, il souhaitait que chaque enfant de CM2 se voit « confier la mémoire » d’un enfant français victime de la Shoah.

Bonne intention certes, et louable au premier abord. Trop de polémiques ces dernières années ont eu lieu dans les établissements scolaires sur l’extermination des Juifs en Europe, trop de dérives contestables et nauséuses, quand il ne s’est pas s’agit de révisonnisme et d’antisémitisme primaire. Pour les contrer, l’apprentissage à l’école de ce qui s’est passé en France et ailleurs, dans ces heures très sombres de notre histoire, surtout lorsque les manuels scolaires traitent à peine de la question, semble évidemment primordial. Pour autant, la démarche retenue laisse perplexe. Dix ans ( l’âge d’un élève de CM2) ,n’est ce pas trop jeune pour appréhender la Shoah, surtout sur un tel mode affectif ? N’est ce pas trop lourd à porter ? Que retiendront les enfants de ce parrainage obligatoire ? On se souvient de la polémique sur la lettre de Guy Moquet . Pourquoi en créer une autre, et surtout celle là, au sein des établissements scolaires, avec des enseignants qui seront contre, souvent pour des raisons politiques, sans compter tous ceux qui n’auront pas les outils pédagogiques pour en parler? On a déjà constaté à quel point la visite de lycéens à Auschwitz comportait de limites. Enseigner ce qui s’est passé est important, surtout à l’heure où les derniers survivants de la Shoah vont s’éteindre. Mais il y a surement d’autres façons, plus subtiles, moins contraignantes, de pérpétuer la mémoire
Michèle Fitoussi.

Publié dans le Telegramme du vendredi 15 février 2008

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